ES6 : Brindisi (I) – Vlorë (AL) – Ohrid (MK)

18 juillet 2017 : Brindisi (I) – Vlorë (AL) – Ohrid (MK)
131km + 444km
« L’Enver du décor… Hoxha va être dur »

RB 18-07-2017

Bonjour cher visiteur venu de la planète Internet!

Résumé de l’épisode précédent (que vous avez forcément lu, bande de mous): il est 3h15, et on n’a toujours pas décollé (enfin dé-marré) de Brindisi. Du Gorgoroth dans les oreilles, je sombre doucement.
Faites que cette coquille de noix n’en fasse pas de même…

Quand je parlais d’anarchie des albanais, une petite photo pour illustrer mon propos :

_IMG3044Quand je dis n’importe où, c’est n’importe où.

Et je vous passe les sons et lumières.

Bref, je m’assoupis pendant… 3h. 6h25, les deux écoutilles d’ouvertes, je suis sur le pont. Dans le sens propre (ou sale comme ici) et figuré du terme et ainsi je profite des premiers rayons de soleil.

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180° sur soi, et je vois

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Les premières côtes albanaises. A ce moment-là, je suis en mode à la fois excité et paniqué (ta mère, je ne suis pas un consanguin). Mais la petite voix de la sagesse au plus profond de moi me dit « souviens-toi l’an passé en Roumanie ». Je profite donc de ces instants pour préparer ce que je vais dire dans cet article.

Wait and see donc. Le relief albanais, sauvage et authentique, et le lever de soleil sont splendides. C’est annonciateur d’une belle journée, où je ne vais pas me coucher.
J’ai 440km qui m’attendent, autant faire le plein de vitamine C et tout le reste de l’alphabet avec mes fruits secs.
Enfin calme, quand ce n’est pas entrecoupé de mots d’albanais éructés. Oui éructé. On repassera sur le lyrisme de la langue, c’est presque aussi pire que le néerlandais. Les glaviots en moins.

_IMG3062On débarque moussaillon!

A 9h15, nous arrivons à Vlorë. Finalement, je me décide à suivre le roadbook prévu. Le ferry n’a « que » 2h de retard. De plus, j’ai la permission de 22h pour mon hôtel en *allez, je ne l’écris qu’une fois et utiliserai l’acronyme ARYM* Ancienne République Yougoslave de Macédoine.

_IMG3067Plages de Vlorë

Je retrouve Philippe et lui propose de faire un bout de route. Il préfère tracer de son côté en allant faire du offroad dans la pampa albanaise.

Voici venu le temps du débarquement et nous les motards sommes les premiers à poser nos roues sur la terre ferme. Parfait, vu la température ambiante, on cuira moins à la douane.

_IMG3070A une bagnole près hein, z’allez pas m’en chier une pendule.

Les papiers sont contrôlés, la barrière est levée et Papy file sur son destrier. Pour faire 20m et prendre une nouvelle photo.

Pour dire :

_IMG3069Et de 30!

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Philippe et moi nous nous quittons en se souhaitant bon courage ici.
Leslie : « parle pour toi… »
Je passe la seconde barrière du port et là, je me fais littéralement sauter dessus manquant de chuter à cause de ces (désolé mais là c’est trop) putains de Roms. Même ici! Et ils sont agressifs en plus. Un gros coup de gaz plus tard, je me fais encore alpaguer par un mec qui veut que j’aille dans son bureau. Que dalle, je me tire.

Ça commence fort. Putain, les relous…

Puis, en longeant le bord de mer, je viens de tilter que le mec me parlait de la taxe de circulation.

Oh merde, la fameuse que j’avais noté dans mes papiers.

Oups.

Tant pis… croisons les doigts.

DCIM103DRIFTJe ne fais pas 100m dans le pays que je fais déjà des conneries. Ou comment être serein…

Et donc nous voici sur la SH8 en direction de Sarandë. Cette portion de route m’a été fortement conseillé par Nicolas. Ainsi, je découvre déjà le folklore albanais. Pas de casques pour les motos, encore moins de plaques, que des sportives ou des Ducati et en ce qui concerne les bagnoles, disons 80%, c’est de la Mercedes.
Ça confirme ce que nous disait notre voisine albanaise à Lagnieu.

DCIM103DRIFT

Clairement, la SH8 est vraiment une très très très belle route. Mêlant à la fois le front de mer et du relief, c’est un véritable régal à la fois pour les yeux mais aussi pour le motardus voyageurus. La route, à quelques exceptions près, est en SUPERBE état!

DCIM103DRIFTLes femmes en fichu sur la tête le long des routes, les petits vendeurs d’étoles…

Seule grosse ombre au tableau, faute d’en trouver sur la route, et qui se vérifiera tout au long de ce grand séjour dans les Balkans, c’est le manque cruel de respect pour la nature. On trouve des détritus de partout. Et c’est vraiment dommage car  les paysages sont sublimes. Au moindre arrêt sur un semblant de parking, c’est une décharge qui s’offre à toi 😦

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Autre chose à noter, l’Albanie est un pays peu peuplé et pauvre. De rares bagnoles donc, des calèches tirées par des ânes et c’est à peu près tout. Le réseau routier est clairement surdimensionné. Ça a ses avantages car on avance efficacement, sauf dans les villages où c’est souvent limité à…. 20!

DCIM103DRIFTCette photo résume parfaitement l’Albanie : montagnes, vaches sur la route, Mercos, peu de monde et beaucoup de bâtisses abandonnées…

DCIM103DRIFT… et des bagnoles en panne!

La centaine de kilomètres jusqu’à Sarandë est juste magique. Quand on passe le plus haut point de cette route à plus de 1000m d’altitude, la vue sur l’Adriatique et ses eaux bleues-turquoises finit d’achever le restant de crainte qu’il restait (vaincue par KO).
Le sourire sur le visage des gamins et leurs coucous à mon passage, ça te réchauffe le cœur! Et les anciens en font de même!

Ça donne envie hein?

Avant Sarandë, je bifurque sur la SH99 qui va m’amener un peu plus dans les terres.

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D’entrée, la route se fait bien moins bonne. Je prends la direction d’un lieu que m’a conseillé Nicolas encore une fois : le Blue Eye (oui, c’est en anglais).

Mais il se mérite, car c’est au bout d’une piste de deux kilomètres. Enfin du offroad (très léger) au cours de l’Expé!

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Là aussi, les paysages pour y accéder sont moches. Arrivé au site, l’émerveillement atteint son paroxysme.

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Une véritable jungle s’offre à moi, du calme et encore personne. Ne manque que Johnny Weissmuller et on s’y croit!
Je dois avouer que je m’attendais à quelque chose de plus grand pour le gouffre. Les couleurs cependant, Dieu que c’est beau quand on bat l’avoine.

Désormais, c’est direction Gjirokastër toujours par la SH99. Après une partie en forêt bien salvatrice car rafraîchissante, je me prends la seconde bifle/gifle/boobifle du jour devant ça:

Panorama_IMG3130_miniAïe, j’ai mal aux yeux.

Voici la plaine qui m’amènera jusqu’à la ville natale du fou furieux d’Hoxha. Le grand fan du bunker qui pensait se faire envahir par Tito est né dans cette région.  En contrebas se trouve la SH4. Là aussi, c’est le même topo que la SH8 : grande et large (CMB) et personne dessus (CM… non rien).

Je refais le plein (en Euro!) avant Gjirokastër et en profite pour discuter avec les tenanciers. De suite, ils ont reconnu la plaque française car vont souvent voir la famille à Zürich et à… Lyon! Je leur montre ma route et me donnent quelques conseils pour éviter les soucis.  Ils s’amusent à tester leurs connaissances de pays sur les valises, encore un sacré moment! Quel accueil…

Et là commence sans doute le moment le plus redouté de l’Expé. La célèbre SH75, une des routes les plus dangereuses du monde, qui relire Gjirokastër à Korçë. Impraticable par mauvais temps, beaucoup d’éboulements et un revêtement pas fait pour une grosse baleine bleue (« je t’emmerde! »).

Allez, je ne dis rien de plus, et vous laisse admirer un florilège de photos prises:

Une centaine de kilomètres passeront, alternant à la fois le paradis et l’enfer.
Le paradis car les paysages vus, les vallées, les rivières longées, l’impressionnante chaîne de montagnes, le tout sous un temps top, c’est vraiment exceptionnel.
Les villages de Carçovë ou Leskovic, ou tu demandes ce qu’on peut y faire, sont certes dans un état de délabrement avancé (hormis dans certains coins des centre bourgs), mais je retrouve toujours cette chaleur humaine où tout le monde te salue.
L’enfer, l’état de la route entre les deux patelins cités. Puis après Leskovic dans la forêt où n’importe quel danger peut survenir. Chèvre, vache, excellent revêtement suivi d’un chemin, nids de poule, tôle ondulée… et en plus il faut de plus en plus chaud. N’oubliez pas aussi que j’ai que 3h de sommeil…

C’est la vraie Aventure! J’en chie, mais putain c’est bon. Même dans les sections pas goudronnées, ça passe crème! La 1400 GTR est vraiment un bon cheval!

A 20km de Korçë,  après une descente qui a mis à rude épreuve (ce qui me reste de) les disques de frein, c’est la délivrance.

_IMG3154Une route neeeeeeeeuve!!!!

20km de pur billard qui m’attendent! On hausse le rythme jusqu’à la cité, en faisant gaffe de ne pas trop attirer le policier albanais. Ça va, tout ceux que j’ai croisé contrôlaient les camions et les locaux. Ils me faisaient même signe de passer plus rapidement! Hum, vaut mieux vu que la taxe…

Korçë, en deux mots, c’est triste et sale. Les HLM au bord de la contournante et en très piteux état, je ne m’éternise pas plus.

Je suis désormais la SH3 jusqu’à Pogradec sur les bords du Lac d’Ohrid.  Il est plus de 16h, je commence à sérieusement accuser le coup, j’avance. En Albanie, les SHx sont les routes à privilégier si on veut avancer rapidement et que ce soit en bon état.

Enfin… jusqu’à l’entrée de Pogradec où là… ça n’a pas été goudronné du tout sur 5km!!! Putain! C’est de la piste en tôle ondulée, le grand kif… mais j’arrive sur les bords du lac et ça c’est top.
Auparavant, la vue depuis la colline qui surplombe la ville et le lac, ça vaut le détour.

Et qui dit lac d’Ohrid, dit aussi poste-frontière!

_IMG3158« Bonjour monsieur, douanes albanaises, contrôle des papiers svp. »

Et même pas ils demandent la taxe. Vite, on décarre d’ici et direction le poste macédonien.
Côté macédonien donc, je prends le temps de mettre le sticker sur Leslie qui va bien et… je pousse la moto pour éviter de trop user mon embrayage et mon démarreur.
A tel point que ça a fait rire le douanier en me voyant galérer dans le faux-plat.

Et tu veux rire?

Il parle français! On échange quelques mots et me souhaite la bienvenue dans son pays.

Qui, d’entrée, m’en met plein les mirettes (le pays, pas le douanier).

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Ohrid n’est qu’à 20km et la route qui longe le lac tourne dans tous les sens. Définitivement, la journée roulage se termine en beauté sous ce coucher de soleil.

J’arrive dans la vieille ville à mon hôtel, j’ai carrément une suite à ma disposition. Sauf que pour parquer Leslie, ben c’est en escaliers, pavés et en pente, qui doit faire facile dans les 15-20%! Horreur! On ne sera pas de trop de 4 personnes pour hisser la baleine bleue (ta gueule) pour la mettre en sécurité.

Là, va commencer une superbe soirée à Ohrid. Déjà, l’hôtel où je suis descendu est un winstub (je ne sais même pas comment y dire en français bindchénou, juste en alsacien). Nao, le sommelier, me donne un véritable cours d’œnologie en prenant le temps d’expliquer les cépages et l’histoire des vins macédoniens. Il existe 5 variétés de vins dans la région d’Ohrid, dont le plus foncé s’apparente plus à un rosé! Et d’une légèreté incroyable. J’ai mon faible pour les vins blancs et j’ai été assis par la délicatesse et le fruité de ceux-ci… le tout accompagné de brushettas et d’un dessert à base de mousses de fruits.

Puis pour décuver découvrir la ville, rien de tel qu’une balade dans les ruelles d’Ohrid de nuit et dans le centre-ville. Je regrette juste que la partie historique de la ville ne soit pas plus mise en avant, uniquement les commerces 😦
Que les ninettes sont mignonnes ici…

A peine à l’hôtel, bonne nuit les petits!

Prochain arrêt : Thessalonique en Grèce est à venir!

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